Une comédie infernale - Petit traité de manipulation à l'usage (…)

Année 2007

Sommes-nous vraiment en démocratie, alors que la manipulation se conjugue à l’omniprésent ?

Entretien avec Gérald Garutti
mars 2007

En pleine période électorale, avec sa compagnie C(h)aracteres Gérald Garutti crée sa pièce Une comédie infernale : Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, avec Jean-Claude Dreyfus dans le rôle du Diable, au Vingtième Théâtre. Une fable hilarante qui aiguise le sens critique des spectateurs.

Pour écrire votre pièce, pourquoi vous être inspiré du Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens ?

Gérald Garutti : Si la manipulation est un enjeu éternel, notre époque a massivement promu l'idée de liberté. En Occident, foyer de la démocratie libérale, la pensée dominante repose sur l'idée que l'homme doit être libre et a conquis sa liberté. Et de fait, il a gagné en liberté sur de nombreux plans. Mais ce Petit traité (best-seller de psychologie sociale) montre qu’un tel sentiment de liberté est la meilleure condition de la manipulation : plus on se sent libre, plus on est manipulable. Ce texte décrypte brillamment les techniques de manipulation de manière ludique et critique, scientifique et ironique. Cette question, j’ai voulu l’aborder au moment précis de la campagne présidentielle.

Ce spectacle propose-t-il des solutions et des clés pour se rendre compte qu'on est manipulé ?

Le propre d’une bonne manipulation, c’est qu’elle passe inaperçue : on absorbe les informations, messages et suggestions dont on est bombardé, sans les passer au crible. Il y a une atrophie globale du sens critique qui est liée à l'évolution médiatique, c'est-à-dire au passage d'une culture de l'écrit à une culture de l'image. Si la culture de l'écrit n'implique pas une exigence de vérité, elle présuppose une distance critique relative : elle prend le temps de la réflexion. Il y a toujours eu une culture de l'image, mais elle est devenue hégémonique. L'intérêt du Traité de manipulation, c'est qu'il décrypte une douzaine de techniques de manipulation.

La pièce reprend-elle le livre ?

Avec ma compagnie, C(h)aracteres, j'ai passé plusieurs semaines à tenter de l’adapter. Mais décalquer ou même scénariser le livre s'est avéré impratiquable : tel quel, la matière était trop peu dramatique. Comment, à partir d’expériences scientifiques, bâtir une histoire ? J’ai finalement opté pour un décalage complet et une fiction originale. Imaginons que l’auteur de ce Petit traité à l’usage des honnêtes gens (« Jouvois », contraction des noms des deux auteurs réels, Joule et Beauvois) meurt et débarque en Enfer. À sa grande surprise, le Diable l’y accueille comme le messie et lui dévoile qu’il est attendu par les plus grands manipulateurs de l'Humanité : Nixon, Ève, Salomé, Don Juan… Cet Enfer est un cabaret joyeux et délirant, en partie inspiré des Monty Python. Au total, la pièce reprend à peine 2% de l’ouvrage scientifique.

Auteur - Metteur en scène  : Gérald Garruti

Comédien.ne.s :    
Jean-Claude Dreyfus
Isabelle Georges
Denis Laustriat
Aurélien Osinski
Félix Pruvost
   
Le Vingtième Théâtre

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