Le Dragon

On était en pleine guerre, Staline ne badinait pas avec les artistes et ce joli conte sur les malheurs d'un petit village surveillé par un immortel et gourmand dragon avait trop valeur de symbole pour que la censure le laisse passer. D'ailleurs, Lénine lui-même n'avait-il pas écrit que « dans tout conte sont compris les éléments de la réalité » ?

Aujourd'hui, la fable a perdu de son impact politique, mais le très ingénieux Benno Besson a su lui redonner une jeunesse théâtrale de tout premier ordre. Dans un décor d'arbres animés et de cavernes de chiffon, les événements s'enchaînent à un rythme infernal, les trouvailles se multiplient comme par enchantement (costumes qui s'envolent, personnages qui disparaissent, dragon grandeur nature, etc.) et les comédiens se surpassent en un marathon d'une absolue cocasserie.

On retiendra d'une large et brillante troupe Coline Serreau en frêle jeune fille, Bernard Ballet en trépidant héros, mais surtout Jean-Claude Dreyfus, impayable monsieur Dragon aux transformations perpétuelles, et Philippe Avron, bourgmestre fêlé au débit incontrôlable et incontrôlé. Une soirée exceptionnelle pour fous de spectacles de 7 à 77 ans.

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